Stannis & Shireen

Shireen s'ennuyait.
En soit, ce n'était pas si étonnant que ça... elle s'ennuyait tous les jours, et était très seule. Personne ne venait la voir, sans qu'elle ne puisse comprendre pourquoi même lorsqu'elle posait des questions. Pourtant, les seuls adultes qui venaient quelques fois vers elle avaient l'air de bien l'aimer. Alors elle ne comprenait pas, et n'appréciait pas ça. Mais elle n'osait pas poser la question, on la gronderait. Et elle n'avait pas envie d'être punie.
La fillette était toute seule dans sa chambre, elle n'avait pas vraiment le droit d'en sortir. Bien sûr, on ne lui avait pas dit cela mot pour mot, mais elle interprétait cette indifférence ainsi. Peut-être que c'était à cause de son visage... les autres enfants l'évitaient parce qu'ils la trouvaient bizarre. Père aussi l'évitait à cause de ça, il la regardait à peine quand elle se retrouvait avec lui. Mère aussi. Mais personne ne lui disait.
Shireen se retourna sur son lit, elle n'avait que ça à faire, dormir. Comme ça, si quelqu'un entrait dans la chambre, il la laissait tranquille, et elle ne se prenait pas de remarques comme "Pourquoi lis-tu autant à ton âge ?".
Aujourd'hui, elle n'avait pas envie de lire. Shireen se releva, elle venait de se rappeler ce que ser Davos lui avait montré : il avait essayé de lui apprendre comment faire des objets avec du bois. Elle était donc allée chercher une branche et avait commencé à faire un cerf avec. Et c'était plutôt joli.
Elle se dirigea vers le petit bureau à sa taille, et s'installa pour essayer de le continuer. Elle avait du mal à le faire toute seule, mais elle voulait essayer pour le donner à Père ensuite. Comme ça, il pourrait peut-être sourire comme il le faisait quelques fois avec la dame rouge.
Maintenant, elle devait faire la tête du cerf, et s'appliqua pour que son bois ressemble au dessin qu'il y avait sur le blason des Baratheon. Ca allait l'occuper pendant un bon bout de temps...

Le roi Stannis n’avait jamais été un père excessivement présent au côté de sa fille, pas plus qu’il n’était présent au côté de sa femme. Bien sûr, ce n’était pas qu’il ne l’aimait pas – pour sa fille- mais qu’il n’était pas à l’aise avec elle. Il n’était jamais vraiment des plus à l’aise avec les femmes, et sa fille faisait partie du lot. Il ne savait pas vraiment s’y prendre avec et donc, évitait d’être trop souvent avec elle, sous peine d’être trop mal à l’aise et qu’elle le remarque. Pourtant, il voyait bien que son conseillé, Davos, était lui toujours plus présent pour elle. C’était d’ailleurs devenu un problème quand il avait fini au cachot.

Il n’avait pas grand-chose d’important à faire, en cette journée et il était seul dans sa salle de commandement, faisant face à différent plans de bataille. Il s’ennuyait certainement alors qu’il se leva pour sortir un peu, marcher dans les couloirs de la forteresse. Il n’aimait pas tellement cette forteresse mais il faisait avec. Après tout, il y avait un nombre important de choses qu’il n’aimait pas.

Au détours d’un couloir, il se rendit compte qu’il était bien proche de la chambre de sa fille. Il contracta légèrement sa mâchoire, hésitant à faire demi-tour avant de finalement continuer son chemin. Il pourrait bien aller la voir, en cette journée, faire un effort ? Après tout, il ne savait même pas comment elle pouvait percevoir ce qu’il se déroulait autours d’elle. Lui, se trouvait confronté à bien des nouvelles choses. Il arriva près de sa porte, et toquant une seule fois, il ouvrit la porte, avant de la refermer derrière lui.

« Shireen … hum, tout va bien ? … tu es occupé, que faits-tu ? »

Il tenta un très bref sourire, bien qu’il restât toujours aussi droit, s’approchant légèrement d’elle, s’arrêtant devant son petit bureau où elle semblait travailler avec du bois ? Qui donc lui avait appris à travailler le bois, déjà ? Et puis, c’était du travail manuel. Enfin, il ne dirait certainement rien. Il l’observait attentivement, et se demandait bien ce qu’il pourrait lui dire de plus. Se demander ce qu’elle faisait, c’était déjà un premier bon point. Après tout, il n’avait jamais vraiment eu de très longue discussion avec elle. Il se souvenait de la fois où il était venu la voir pour lui parler du fait que Davos était au cachot.

-Shireen était tellement absorbée par sa nouvelle occupation qu’elle n’entendit pas les pas dans le couloir, bien que la porte de sa chambre laisse passer les sons : les couloirs résonnaient trop, du coup, elle entendait tout ce qui se passait à l’intérieur. Et elle pouvait s’imaginer plein de choses, donc savait quoi faire pendant un moment.
Les occasions de trouver quelque chose d’intéressant avaient particulièrement baissé depuis que ser Davos était parti. Elle n’avait pas compris pourquoi, mais elle savait que Père en était la cause. Elle était même allée voir ser Davos en cachette pour lui donner un livre, elle ne voulait pas qu’il fasse comme elle, qu’il s’ennuie pendant des jours et des jours. Une seule personne s’ennuyant dans la forteresse était un nombre largement suffisant, aux yeux de Shireen. Et puis ser Davos ne méritait pas qu’il s’ennuie, il était tellement gentil. Shireen continuait à aller le voir sans que personne ne le sache, ça faisait comme une aventure, mais ser Davos n’était pas d’accord. Père avait dit que ser Davos était un traître, et ser Davos l’avait dit lui aussi. Shireen n’était pas d’accord, ser Davos ne pouvait pas être un traître, c’était son ami ! Mais elle ne l’avait dit à personne, c’était plus prudent. Père n’aurait pas été d’accord.
A ce moment-là, alors qu’elle venait d’y penser, elle entendit quelqu’un toquer à sa porte, et sursauta. C’était rare… Shireen n’eut pas le temps de se lever, Père était déjà dans la pièce. Elle était contente de le voir mais hésita, elle aurait voulu se blottir dans ses bras, mais il n’aimait pas ça. Elle avait peur qu’il voie ce qu’elle était entrain de faire, et essaya d’enlever la sciure qui restait sur son bureau.-

Je m’ennuie… j’ai commencé à faire ça avec ser Dav...

-répondit-elle d’une petite voix mal assurée. Elle aimait son père, mais il lui faisait peur. Elle se mordilla la lèvre, elle n’aurait pas dû parler de Davos.-

Je voulais vous faire une surprise, Père.

STANNIS

Alors qu’il entrait dans la chambre de sa fille, son regard se porta sur elle. S’approchant de son bureau, il se pencha légèrement, posant ses mains sur le bord de son bureau. Il plissa les yeux en l’écoutant, Ser Davos ? Il contracta légèrement sa mâchoire, pourquoi passait-t-elle autant de temps avec Davos ? Il inspira longuement, relevant légèrement la tête.

« Je vois, tu passes toujours beaucoup de temps avec Ser Davos »

Il l’observait toujours, avant de l’attendre continuer. Il n’avait jamais été le plus à l’aise des pères avec sa fille, mais il l’aimait tout de même, comme un père pouvait aimer sa fille. Il finit par s’assoir sur le bord de son bureau, lui lançant un regard en coin.

« Une surprise ? »

Il plissa les yeux, esquissant un très fin sourire qui disparut bien vite de son visage. Il faisait des efforts en cette journée, mais il ne pouvait pas tout de même changer de personnalité. Il inspira longuement, l’observant toujours. Il ne savait déjà plus tellement quoi dire, alors il se décida à revenir sur le sujet Davos. Il n’appréciait pas spécialement qu’il passe autant de temps avec sa fille, mais il n’en disait rien.

« Mais dis-moi … est-ce donc Ser Davos qui t’apprend à faire ça ? »

Il n’en voyait pas l’utilité, enfin, il faisait toujours l’un de ses efforts presque inhumains pour lui. Il était toujours assis sur le bord de son bureau, se penchant légèrement vers elle, posant son regard sur le début de cerf qu’elle construisait. Il reposa ensuite son regard sur elle. Il attendait avant tout qu’elle lui en dise plus. Davos trouvait donc utile d’apprendre à sa fille comment travailler le bois ? Il ne savait même pas comment réagir en apprenant qu’ils passaient toujours autant de temps ensemble. Il jouait généralement celui qui n’était nullement atteint par ce genre de préoccupation, mais intérieurement, il n’avait certainement pas envie que Davos prenne une place trop importante pour sa fille. Après tout, elle restait une Baratheon, n’est-ce pas ? L’honneur était toujours important pour Stannis.

C'est mon ami.

-Shireen avait tout reposé sur la table et avait les mains qui tremblaient un peu, elle ne savait pas pourquoi, alors elle les avait posées sur ses jambes pour que Père ne les voie pas bouger. Elle sentait la réprimande arriver et commençait à avoir peur. Est-ce qu'il allait l'enfermer quelque part, elle aussi ? Père était Roi, il pouvait très bien le faire. Elle savait qu'elle avait fait une bêtise mais ser Davos était son ami, et il était plus un père pour elle que Stannis. Alors elle voulait le voir, simplement. Il n'y avait rien de mal à ça ! Sauf que si Père apprenait qu'elle était descendue lui apporter un livre, elle allait avoir encore plus d'ennuis que maintenant... Elle ne répondit rien d'autre et se contenta de baisser les yeux, ne sachant pas quoi dire pour se défendre.-

Oui. Pour vous faire plaisir... c'est mal ?

-Elle avait une toute petite voix et crut voir Père sourire un peu. Au moins, elle avait rempli un de ses objectifs, Shireen voulait qu'il soit un peu de bonne humeur. Et il fallait qu'elle se fasse pardonner aussi, mais elle ne savait pas de quoi. A la question de Père Shireen hocha la tête.-

Oui, il me l'a montré, parce que je m'ennuie. Il n'y a rien à faire ici.

-Bon, c'était un peu risqué... mais vrai. Il n'y avait pas d'enfants de son âge à la forteresse, et de toute façon ils l'auraient évitée, alors à quoi bon ? Elle avait seulement Davos et les livres pour seule compagnie, parce que Mère ne voulait jamais la voir. Et puis, elle devenait bizarre ces temps-ci... mais Shireen n'avait dit ça à personne, même pas à Davos.-

Il l’observa un instant, relevant légèrement la tête. C’était son ami ? Vraiment, il ne comprenait pas pourquoi elle semblait apprécier tant le vieil homme. Il inspira longuement, restant assit sur le bord de son bureau, il avait posé son regard sur elle. Elle était sa fille, et elle demeurait très importante pour lui. Shireen ne le savait certainement pas, mais il lui arrivait même de reprendre sa mère lorsqu’elle se plaignait de Shireen. Il contracta légèrement sa mâchoire alors que la petite semblait … avoir peur ? Il se força un lui offrir un très bref sourire, hochant négativement la tête.

« Ce n’est pas mal, … c’est très gentil »

Il inspira longuement, relevant légèrement la tête, il n’appréciait vraiment pas qu’elle passe autant de temps avec Davos mais il ne disait rien. Il voulait qu’elle puisse être plus heureuse et c’était visiblement ce qu’elle voulait, même si, lui, ne trouvait pas ça forcément très bien. Il se releva de son coin de bureau, se mettant à sa hauteur. Il faisait beaucoup trop d’effort aujourd’hui, mais il avait bien eu envie d’aller la voir. Il fallait peut-être qu’elle comprenne certaine chose.

« Ecoute, Shireen. Tu sais, il y a bien eu de nombreuse personne pour me faire abandonner l’idée de te sauver. Mais qu’ils aient en enfer, je pensais … je ferais venir tous les mestres possibles pour ma fille. Tu as été sauvé et ta place sera toujours ici, tu es Shireen de la maison Baratheon. Tu es ma fille. »

Il l’observait toujours attentivement, il ne mentait pas ? Non, elle était sa fille. Sa fille, ce n’était pas la fille de Davos. Il ne laisserait jamais personne lui prendre sa fille, ou même l’empêcher de la voir. Il restait près d’elle, ne sachant vraiment pas s’y prendre avec elle, il ne savait pas quoi dire d’autre. Il n’avait su s’y prendre avec elle, mais cela n’attachait pas le fait qu’elle était sa fille et qu’elle demeurait très importante pour lui.

SHIREEN

-En vérité, Shireen aimait beaucoup Davos parce qu’il était le seul qui ne cherchait pas à l’éviter. Il faisait partie de ces rares personnes, avec feu ser Axel, qui ne détournaient pas le regard de son visage. Peu de gens étaient gentils avec elle comme Davos, et c’était pour ça qu’elle s’était attachée à lui. Et puis… il ne savait pas lire. Shireen ne comprenait pas comment quelqu’un ne puisse pas lire, alors elle avait commencé à lui apprendre au moment où Père avait envoyé Davos aux cachots. Elle espérait qu’il allait pouvoir sortir un jour, pour qu’il puisse vraiment savoir lire.
C’était vrai qu’elle ne se rendait pas compte de ce que Père pouvait penser d’elle, elle le voyait si peu. Mais elle avait été agréablement surprise de le voir venir dans sa chambre.
Si Shireen avait peur, c’était parce qu’elle ne comprenait pas ce qui se passait depuis l’arrivée de la femme rouge. Elle avait ses idées, et n’avait pas besoin de poser des questions pour savoir ce qui se passait sur la plage : depuis sa chambre, Shireen entendait tout, et ça l’empêchait de dormir jusqu’à lui faire faire des cauchemars. Elle savait que c’était la guerre, mais ne comprenait pas pourquoi la femme rouge pouvait aider Père à gagner. Mais c’était une question qu’elle n’allait jamais poser à personne, encore une autre.-

C’est raté, maintenant.

-répondit la fillette avec une moue déçue. Elle ne s’attendait pas à une telle réaction de Père, elle avait pensé qu’il l’aurait grondée à la place. C’était pour ça qu’elle se sentait mal à l’aise, elle sentait aussi que Père était troublé sans savoir pourquoi. Oui, Shireen avait beaucoup de questions à poser. Sauf qu’elle n’allait jamais oser le faire. C’était dangereux.-

Mais Mère a dit qu'elle voulait me donner à la femme rouge. Je l’ai entendue. Elle était à côté de ma porte et pensait que je dormais. Je ne comprends pas pourquoi. Qu’est-ce que j’ai pu faire pour que Mère ne m’aime pas ?